L’Empire du moindre mal est un essai politique de Jean-Claude Michéa, agrégé de philosophie. Il analyse dans cet essai de manière incisive et pertinente ce qu’est le libéralisme. Ouvrage magistral de ces vingt dernières années sur cette idéologie dans laquelle nous vivons et que pourtant nous connaissons si peu.

Après avoir vu cette vidéo votre regard ne sera plus le même sur notre société.

L’Empire du moindre mal, synthèse de la vidéo

Le libéralisme c’est quoi ? – 2’08

Pour rappel Le libéralisme c’est une doctrine qui vise à retirer les prérogatives de l’état pour les transférer à l’individu.

On distingue classiquement un libéralisme de droite (économique) et un libéralisme de gauche (sociétal). Jean-Claude Michéa nous montre qu’il s’agit en réalité des deux faces d’une même pièce.

Une idéologie comme une autre. – 3’55

En évoquant le libéralisme on parle parfois de la fin de l’Histoire. Les démocraties libérales n’apparaissent pas comme la mise en place d’une idéologie mais comme la fin des idéologies. Comme l’aboutissement naturel et pragmatique de l’histoire de l’humanité.

Or comme le montre Michéa le libéralisme est une idéologie qui avant d’être mise en application a été pensée par ses fondateurs. Mais le libéralisme a ceci de singulier que c’est une idéologie à laquelle on a pas besoin d’adhérer, qui n’a pas besoin d’être formulée pour être pleinement vécu.

Une idéologie hors de contrôle. – 5’20

Le libéralisme tel qu’il a été pensé au début, au XVIIe siècle, est très différent de ce qu’il est devenu aujourd’hui. D’après Michea, si on montrait aux fondateurs du libéralisme ce que sont devenues les sociétés libérales ils seraient probablement effrayés. Mais en même temps ce qu’est devenue la société actuelle n’est finalement que la conséquence logique des fondements du libéralisme. Conséquence que n’avait pas envisageait les fondateurs.

Généalogie du libéralisme. – 6’07

Ce qui a motivé la recherche d’un nouveau modèle de société fût la volonté d’éviter l’horreur des guerres civiles. C’est ici, d’après Michéa, que se trouve l’origine du libéralisme.

Il s’agit d’un nouveau type de guerre qui apparait au XVIe siècle avec les guerres de religions puis au XVIIIe avec la révolution française.

Selon les modernes de l’époque les 2 éléments qui aboutissent à la guerre civile sont :

1-      Le désir de gloire avec les vertus héroiques

2-      La prétention à détenir la Vérité sur le Bien et à vouloir l’imposer à la société

Les modernes vont donc tout faire pour contrer ces 2 éléments.

Les modernes vont alors entreprendre un travail de « démolition du héros ». Ils vont montrer que le culte des vertus héroïques ne sont en réalité que le masque de l’amour propre. Elles sont le signe d’un égo démesurer. Les vertus, pour les modernes constituent désormais une forme d’hypocrisie et de mensonge à soi-même.

Quant à la prétention à détenir la Vérité qui est une cause des guerres civile. Les modernes vont s’évertuer à montrer que le Vrai, le Beau, le Bien ne sont qu’une affaire de goût personnelle. Ils ne peuvent pas prétendre à une universalité.

Nous avons donc d’un côté la philosophie du soupçon visant à détruire le héro et de l’autre le relativisme culturel visant à détruire la prétention à une vérité universelle. Comme le dit Michéa : il s’agit là des 2 piliers du Temple post-moderniste.

Ces 2 piliers sont présentés comme le résultat d’une lucidité, d’un travail scientifique, d’une réflexion approfondie sur la condition humaine. Mais pour Michéa c’est une erreur, ils ne sont en réalité que des postulats nécessaires pour éviter la guerre civile.

La destruction du héro et le relativisme culturel ne constituent pas l’aboutissement d’une réflexion sur la nature humaine. Ils sont, au contraire, ce que le travail intellectuel moderne doit s’efforcer de démontrer pour éviter le pire.

Du Bien au juste. – 10’43

Pour du libéralisme la prétention d’individus à détenir la vérité est la cause fondamentale qui porte les individus à s’affronter violemment. Pour que les membres d’une société vivent en paix il est nécessaire que le Pouvoir soit philosophiquement neutre. Que par principe il s’abstient d’imposer aux individus telle ou telle conception du Bien.

Il s’agit donc de mettre en place des instances au-dessus des individus chargées d’harmoniser leur liberté à présent concurrente, ces instances neutres par essence sont le Marché (libéralisme économique) et le Droit (libéralisme sociétal).

Finalement L’Etat le plus juste c’est celui qui en demande le moins à ses sujets, c’est l’Etat qui ne pense pas, l’Etat sans idée ni valeur. L’état n’a pas besoin de conviction politique mais doit se résumer à une pure administration des choses, il doit se résumer à une compétence de gestionnaire.

De la vertu aux vices. – 14’11

Fondamentalement, pour les libéraux l’homme est incapable de vrai et de bien et il est infiniment plus nuisible par ses prétentions chimériques à la vertu que par l’exercice tranquille de ses vices.

Adam Smith considéré comme l’un des principaux fondateurs du libéralisme redira qu’une société fonctionne d’autant mieux que chaque individu renonce de lui-même à rechercher le Bien pour travailler à la réalisation de ses propres intérêts, de ses propres désirs. L’altruisme est bien plus néfaste pour la société que l’égoïsme.

La destruction des valeurs. – 17’39

Ces dernières années nous avons vu des exemples spectaculaires de la mise en œuvre de cette logique à travers tout ce qui tourne autour du mariage homosexuel, de la PMA, de la GPA, su suicide assisté etc…

L’Etat libéral tend progressivement à régulariser tous les comportements possibles et imaginables.

Michea conclue ainsi :

« Ce mode de raisonnement minimaliste peut, naturellement, être étendu à toutes les revendications concevables (…) et transformer tous les scrupules éthiques possibles en autant de tabous arbitraires et historiquement déterminés »

« Il n’y a donc dans une société libérale aucun pare-feu institutionnel cohérent qui puisse prévenir le démontage méthodique de ce qu’Orwell appelait la common decency. », le sens commun.

Pour Michea La pente naturelle du libéralisme tend à supprimer un à un tous les éléments moraux de sens commun et tend à déshumaniser la société.

C’est aussi ici que l’on voit le point de jonction entre le libéralisme de droite (économique) et le libéralisme de gauche (sociétal)

Toutes ces valeurs archaïques bloquent le marché. A chaque fois que l’on surprime un interdit on permet au marché de s’étendre.

Admettons que l’on permette aux personnes majeures de vendre leur corps soit en vendant un organe soit en se prostituant comme le réclame les féministes libérales. On ouvre alors un nouveau marché. Vous êtes étudiante, vous n’avez pas d’argent et bien vous avez maintenant l’opportunité de financer vos études en vous prostituant ou en vendant un de vos rein par exemple.

La stratégie du moindre mal. – 26’28

Pour reprendre les mots de Michea, il y a dans le libéralisme une anthropologie désespérée. Pour les libéraux l’homme est incapable d’aimer véritablement, incapable de sacrifice, la vertu n’est que le masque de l’amour propre, l’homme n’est mu que par l’égoïsme et le culte de son image.

Le libéralisme se veut réaliste et sans illusion. La société qu’il ambitionne n’est pas une utopie promettant une cité idéale avec un homme idéal. Non. C’est au contraire une société raisonnable répondant à ce qu’est l’homme est non ce que l’on voudrait qu’il soit. C’est la société du moindre mal, qui avec le Droit et le marché régule et optimise le vivre ensemble.

Le libéralisme c’est une stratégie du moindre mal imposée par la nature des choses.

Mais il y a un paradoxe qui vient contrarier ce projet et qui va transformer le libéralisme en ce à quoi il s’était précisément opposé : Une utopie.

Le Droit et le marché qui sont censés être auto-adapté à la nature humaine, ne le sont pas tant que ça, confère les manifestations, émeutes etc… Le libéralisme va alors essayer par l’ingénierie sociale, la manipulation des masses, d’adapter les individus au libéralisme.

Michea termine sur cette citation de Fukuyama qui fait basculer le libéralisme de la stratégie du moindre mal au meilleur des mondes :

Fukuyama est un intellectuel influent enseignant chercheur en économie politique à l’université Johns-Hopkins à Washington.

 » Le caractère ouvert des sciences contemporaines de la nature nous permet de supputer que, d’ici les 2 prochaines générations, la biotechnologie nous donnera les outils qui nous permettrons d’accomplir ce que les spécialistes d’ingénierie sociale n’ont pas réussi à faire. A ce stade, nous en aurons définitivement terminé avec l’histoire humaine parce que nous aurons aboli les êtres humains en tant que tel. Alors commencera une nouvelle histoire, au-delà de l’humain. »

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